Enquêtes 2012

En 2011, l’observatoire du numérique avait enquêté sur les usages des outils et services numériques par les enseignants et les étudiants. L’analyse des résultats de cette enquête a permis d’obtenir une vision globale des usages ainsi qu'un aperçu de l’appropriation des outils et des services numériques (privés ou universitaires) pour chacun de ces groupes d’usagers. Cette enquête a mis en évidence des particularités dans les usages, mais également des hypothèses pouvant expliquer les non-usages ainsi que des besoins différents pour les deux groupes considérés.

L'université a pris en compte ces informations pour améliorer les services offerts aux usagers. Les observations sur les usages nomades des étudiants ont ainsi mené à la création d’un premier « spot numérique » à l’Atrium : lieu où tout usager peut trouver une place pour se connecter au réseau sans-fil de l’université et faire le plein des batteries de son matériel dans des conditions de confort adaptées à son activité. Ce dispositif n'a pas tardé à essaimer et six autres espaces modulaires de ce type sont désormais installés sur le campus. Autre changement : les formations des enseignants ont été réaménagées par le département "Ingénierie pédagogique et médiatisation" (permanences, ateliers thématiques, etc.) pour augmenter les possibilités données à tous de se former.

Par ailleurs, afin de répondre au besoin d’information exprimé par les usagers de l’université, le Centre de culture numérique a organisé des conférences, des rencontres (Terrasses du numérique) et autres ateliers dont la fréquentation reflète bien l’intérêt de la communauté.

Cette année, d’autres enquêtes ont été menées afin d’approfondir des points d’usages. Les données de ces enquêtes sont résumées ci-dessous et vous trouverez les résultats plus détaillés sous forme de documents PDF dans cette même page.

Objet : les usages d’AVCast en PACES

La première série d’enquêtes en 2012 porte sur les usages d’AudioVidéoCast, un outil développé à l’Université de Strasbourg permettant d’enregistrer le déroulement d’un cours puis de le mettre en ligne.

Comme ce dispositif est particulièrement utilisé à la Faculté de médecine, nous avons mené une enquête anonyme d’une part auprès des étudiants de première année (PACES) et d’autre part auprès des enseignants qui ont utilisé ce service pour leurs cours.

Enquête auprès des enseignants

D’un point de vue purement pratique AudioVidéoCast n’apparaît pas difficile à appréhender et les rares problèmes apparus ont été rapidement réglés. Une partie, certes minoritaire, des individus sondés a étendu l’utilisation d’AVCast à d’autres activités professionnelles.

L’usage d’AVCast n’apparaît pas comme chronophage aux usagers et si la plupart des enseignants interrogés déclarent que la préparation de leurs cours n’est en rien changée depuis qu'ils l'utilisent, plusieurs d’entre eux affirment même gagner du temps.

Lorsqu’on interroge les enseignants sur les effets de l’utilisation d’AVCast sur les apprenants, ils décrivent une grande passivité des étudiants en cours ainsi qu’une diminution des interactions directes avec eux. De plus, les étudiants leur paraissent plus dissipés lorsqu'ils ne sont pas tout simplement absents physiquement. Cependant les enseignants restent critiques quant à cette perception. Avec du recul, il est difficile de déterminer ce qui tient d’une évolution générale (et sociétale) du comportement des étudiants et ce qui tient réellement de l’usage d’AVCast. Par ailleurs, aucun enseignant n’a noté de détérioration des résultats aux examens depuis l’introduction de la ressource dans leurs cours.

Les enseignants perçoivent des avantages potentiels à l’utilisation d’AVCast, en matière notamment de réduction des inégalités (sociales ou liées à une situation de handicap) et d’amélioration qualitatives des notes prises en vue des révisions. Dans ce cas, ce qui tient de la représentation et ce qui tient de la réalité peut être confronté au discours des étudiants.

Dans l’ensemble, les enseignants tiennent à ce que cette ressource reste un complément des cours dispensés en présence. La majorité des répondants déclare qu’elle continuera à s’en servir à l’avenir.

Enquête auprès des étudiants

Les cours mis en ligne par les enseignants sont suivis par la plupart des étudiants qui ont répondu au questionnaire. Comme les enseignants, ils déclarent en majorité que cette ressource devrait être maintenue comme complément aux cours en présence.

En effet, lorsque les étudiants utilisent AVCast c’est en majorité en complément des cours. La moitié des étudiants y ont recours également lorsqu’il leur est impossible de se rendre sur le campus (travail salarié, par exemple). Une faible minorité d’étudiants s’en sert pour s’absenter volontairement des cours.

Les étudiants ont accès à AVCast en majorité dès qu‘un nouveau cours est disponible, plutôt à leur domicile et à plusieurs reprises pour certains cours.

Parmi les avantages évoqués par les étudiants, on retrouve en majorité une plus grande souplesse dans l’organisation de leur travail, une facilitation de l’apprentissage et une réduction de l’anxiété inhérente à la qualité de leur prise de notes en vue des révisions.

Objet : les usages numériques des étudiants en SHS

Durant l’année universitaire 2011-2012, Michel Nachez (ethnologue enseignant à l’université) a travaillé pour l’observatoire du numérique afin de consolider les données d’usage des étudiants de l’établissement. Nous avons cherché à affiner les données qualitatives obtenues en 2010-2011 par des entretiens auprès des étudiants en sciences humaines et sociales. Ainsi, huit étudiants en sociologie ont interviewé 16 autres étudiants en SHS (sociologie, ethnologie et démographie) à propos de leurs usages du numérique dans leur vie privée et universitaire. Par ailleurs, 41 étudiants en ethnologie ont pratiqué une auto-observation de leurs usages.

L’enquête révèle que l’équipement des étudiants est généralement varié et se compose le plus fréquemment d’un ordinateur fixe au domicile auquel s’ajoute souvent un petit ordinateur portable (netbook) et/ou un téléphone portable de type « smartphone ». Cet équipement fait partie de la vie quotidienne de l’étudiant qui le garde souvent allumé en permanence et à portée de main.

Chaque appareil prend le pas sur l’autre selon la situation et l’activité dans la journée. L’étudiant passe de son domicile aux salles de cours et chemine par différents lieux du campus et de la ville tout en utilisant (passivement ou activement) l’un de ces objets numériques nomades. Les usages observés passent du registre de la communication (réseaux sociaux, textos…) à celui de l’information (actualités), du travail universitaire (prise de notes en cours, mémoire, recherches bibliographiques, présentations) ou encore de la créativité (photo, retouches, montage vidéo). La multiplicité des usages rendus possibles par ces quelques appareils est l’un des facteurs de leur utilisation intensive tout au long de la journée. Les autres appareils numériques comme les APN, les caméscopes et les enregistreurs se trouvent fréquemment remplacés par le « smartphone ». Les fichiers produits à l’aide de l’appareil nomade sont ensuite transférés sur l’ordinateur fixe ou portable. Ils sont parfois directement mis en ligne depuis l’appareil.

Côté logiciels, on retrouve dans les équipements de l’étudiant la plupart des applications de bureautique classique mais aussi des applications open-source pour le traitement d’images, de vidéos ou la lecture audio-vidéo. De manière remarquable, l’utilisation de jeux vidéo est marginale. Si la messagerie électronique (courriel) est devenue un service incontournable dans le domaine privé et universitaire, elle est supplantée, en volume, par l’utilisation des textos (SMS) émis depuis le téléphone portable et la webconférence (en particulier Skype) ou les réseaux sociaux (en particulier Facebook) quand il s’agit de communiquer des informations très variées.

De manière générale, les outils et services universitaires sont régulièrement utilisés par les étudiants mais uniquement lorsqu’ils ceux-ci sont indispensables. Ainsi, si le courriel @unistra.fr est utilisé pour s’adresser aux enseignants et à l’administration, le reste des échanges passe par les boîtes aux lettres privées ou autres réseaux sociaux. À ce titre, le réseau social Facebook est utilisé aussi bien pour les relations familiales ou amicales que pour échanger des informations du domaine universitaire (emploi du temps, réunions, cours). Certains étudiants d’une même promotion partagent des espaces dédiés sur le réseau social pour y échanger ces informations.

Plusieurs raisons sont évoquées par les étudiants pour expliquer ce phénomène parmi lesquelles on trouve : la simplicité, la convivialité et les mises à jour fréquentes. Une autre raison est le manque de formation. Beaucoup d’étudiants apprennent en effet à se servir des outils numériques seuls ou à l’aide de leur pairs. Le C2i est le seul dispositif institutionnel qui existe pour les sensibiliser aux bonnes pratiques numériques. Enfin, la faible utilisation des services numériques par les enseignants en sciences humaines pourrait être une autre raison pour expliquer l’utilisation de services tiers par les étudiants.

On retrouve dans le contenu de ces entretiens une confirmation des enquêtes précédentes quant à l’équipement mais aussi au mode d’usage des outils et services numériques par les étudiants.  Ces usages sont probablement à mettre en parallèle avec la manière de s’informer et d’échanger entre étudiants : celle-ci va de pair avec une nouvelle gestion du temps et de l’espace qui bénéficie des apports indiscutables du numérique. Ces nouveaux usages poussent les étudiants au « détournement » d’outils privés à des fins universitaires d’autant que les outils proposés par l'institution ne correspondent pas nécessairement, à tort ou à raison, à leur « cahier des charges » (une référence changeante) ou qu’ils ne sont pas, à leurs yeux, suffisamment investis par le personnel de leur composante. Si on ne peut définir l’appropriation du numérique par les enseignants à la mesure de la satisfaction des étudiants, leurs usages à l’université n’en sont pas moins en décalage avec les nombreuses possibilités pourtant offertes en termes d’outils et de services pédagogiques. Les freins à de nouveaux usages sont multiples et si certains reposent sur des considérations objectives (comme le temps nécessaire à l’appropriation), d’autres pourraient semblent plus subjectifs (par exemple, les effets sur l’enseignement ressentis comme négatifs).